Ceci se propage sur le web : Le tribunal de Châteauroux devient scène de théâtre pour « rendre justice aux femmes » de la Révolution

Trois comédiens prennent possession du tribunal de Châteauroux ce vendredi 8 mars 2024, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Ils jouent deux représentations de leur pièce « Femmes, Justice et Révolution », qui raconte les procès de dix femmes indriennes pendant la Terreur, période sanglante après la Révolution française.

Jean-Yves Patte incarne l’accusateur, sorte de chef d’orchestre du procès qui à la fois interroge les accusées et les témoins et prononce les réquisitoires. « Jérôme Decaux lui joue le rôle du greffier et de l’appariteur, Anne Trémolières incarne toutes les femmes qui ont été accusées, à tort ou à raison« , ajoute Jean-Yves Patte, historien de l’art quand il n’est pas sur scène. Pour écrire ces histoires, le trio s’est basé sur des affaires réelles qui ont eu lieu entre 1793 et 1794 en plongeant dans les archives départementales de l’Indre. « Tous les dossiers de l’époque ont été conservés, donc on les a lus, on les a simplifiés, parce que parfois c’étaient des liasses très épaisses, pour redonner un peu l’ambiance de ces auditions« , ajoute Jean-Yves Patte. Dans l’un de ces dossiers, une est par exemple accusée d’être née dans une famille aristocratique « et évidemment à cette époque-là, c’était assez mal vu« , reconnaît Jean-Yves Patte.

Replacer les femmes au premier rang de l’Histoire

Ces affaires ont longtemps été oubliées, voire complètement occultées dans notre Histoire. Les mettre en scène permet de leur faire découvrir ou redécouvrir au public. « Je n’étais pas non plus calée en Terreur, si on peut dire, confie Anne Trémolières. Un peu dubitative même au départ. Et en fait, ce qui est intéressant je trouve, c’est que ces femmes sont victimes de dénonciations calomnieuses comme on dit et elles se défendent pour la justice. Donc ça résonne encore aujourd’hui.« 

À travers cette pièce, le trio veut plus largement remplacer les femmes au premier rang de l’Histoire de France. « Ça montre qu’en général, elles étaient extrêmement actives et que c’est quelque chose dont on ne se rend pas bien compte. Beaucoup ont des métiers, beaucoup sont attachées aux mouvements politiques ou du moins y sont attentives. Ce que ça dit aussi c’est leur rôle, qui a été occulté. Certaines fournissent leur force de travail pour la communauté, d’autres mettent à disposition leurs enfants pour l’effort de défense nationale. Tous ces rôles-là, ça permet de rendre justice à ces femmes qui sont invisibilisées. »

Représentation à 14h et 15h ce vendredi 8 mars 2024. Réservations obligatoires par mail à ailleurs.1901@gmail.com. Pensez à vous munir de votre pièce d’identité pour entrer dans le tribunal.