le travail d’équipe permet-il toujours de réaliser le rêve ? ÉBAUCHE – Application de la loi de l’UE

Article de blog par Nicole, Thirza, Enes

Comme l’a rappelé la présidente de la Commission européenne, von der Leyen, dans son discours sur l’état de l’Union 2021: « L’UE doit veiller à ce que chaque euro et chaque centime soient dépensés aux fins qui leur sont propres et conformément aux principes de l’État de droit. Les fonds de l’UE ne sont pas autorisés à s’infiltrer dans des canaux obscurs ». Si vous vous êtes demandé quels organes de l’UE sont à la pointe de la protection des intérêts financiers de l’Union (PIF) et comment fonctionne leur coopération, vous êtes au bon endroit. Depuis près de deux ans que le Parquet européen est opérationnel, les deux offices ont eu la première chance d’interagir et de coopérer. Cela a même abouti à la conclusion d’un accord de travail (WA). Dans cet article de blog, nous décrivons la coopération opérationnelle actuelle mise à jour entre l’OEPP et l’OLAF et ses possibilités futures pour savoir si le travail d’équipe peut réaliser le rêve.

PIF : Un nouvel acteur dans le jeu

Depuis plus de 20 ans, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), organisme administratif d’enquête ayant pour mission de « Détecter, enquêter et œuvrer à l’arrêt de la fraude impliquant des fonds de l’Union européenne », a été un acteur de premier plan dans la lutte contre le PIF. Cependant, en 2017, un nouvel acteur est entré en scène, le Parquet européen (Parquet européen). Pour la première fois dans l’histoire de l’UE, un organe européen indépendant a le pouvoir d’enquêter et de poursuivre les crimes PIF (voir figure A). En conséquence, nous avons deux organes de l’UE avec des ensembles de pouvoirs différents mais avec un objectif commun à l’esprit : « pour mieux protéger l’argent des contribuables de l’UE et traduire en justice tous les crimes contre le budget de l’UE le plus rapidement possible. »

Missions et Tâches du Parquet européen

L’OLAF et le Parquet européen en bref

Le mandat de l’OLAF englobe les enquêtes sur la fraude et la corruption impliquant des fonds de l’UE et les fautes graves au sein des institutions européennes, ainsi que l’élaboration d’une politique antifraude pour la Commission. L’OLAF mène à la fois des enquêtes « internes » et « externes », selon qu’elles sont menées ou non au sein des institutions, organes, offices et agences de l’UE (IBOA). Dans le cadre de ses enquêtes, l’OLAF ne peut exercer aucun pouvoir coercitif, il doit donc s’appuyer sur la coopération avec les autorités nationales compétentes. Au terme de ces enquêtes, l’OLAF ne peut sanctionner le suspect ni le traduire en justice. Au lieu de cela, il peut rédiger un rapport, contraignant pour les IBOA mais pas pour les États membres (EM), et émettre des recommandations. Dans la pratique, les taux d’inculpation suite aux recommandations de l’OLAF sont faibles et varient considérablement d’un État membre à l’autre. En effet, dans certaines juridictions, les procureurs nationaux ont tendance à donner la priorité aux aspects nationaux des affaires, en négligeant leur dimension européenne, par exemple, en raison de leur manque d’expertise.

En revanche, le Parquet européen dispose de pouvoirs en matière pénale grâce auxquels il peut enquêter et également décider de porter une affaire en jugement devant les juridictions nationales compétentes jusqu’à ce qu’elle soit définitivement tranchée. En raison de cet ensemble étendu de pouvoirs, tous les États membres n’ont pas décidé de rejoindre le Parquet européen contrairement à l’OLAF, il compte donc actuellement 22 États membres «participants».

La mise en œuvre de ces pouvoirs crée une structure législative et organisationnelle complexe (vous trouverez ici une explication complète). Bien qu’il s’agisse d’un office unique, le Parquet européen est composé d’un niveau central et d’un niveau décentralisé, où différentes autorités jouent un rôle (voir Figure B). En ce qui concerne le cadre juridique dans lequel opère le Parquet européen, le règlement Parquet européen ne prévoit que des règles minimales, faisant souvent référence aux législations nationales, notamment en ce qui concerne ses pouvoirs d’enquête.

Structure du Parquet européen

La coopération du Parquet européen et de l’OLAF : veiller à ce qu’aucun cas ne passe inaperçu

La création du Parquet européen a marqué la transition vers une nouvelle ère pour l’application européenne dans le domaine des PIF. Cependant, pour que son potentiel soit pleinement exploité, le « nouveau joueur » devra jouer aux côtés de son coéquipier bien expérimenté OLAF. C’est pourquoi, en développant les quelques ad hoc Dispositions contenues dans leurs règlements respectifs, en 2021, l’OLAF et le Parquet européen ont précisé leur cadre de coopération en signant l’accord de garantie. Compte tenu de ce cadre opérationnel juridique combiné, décrivons les aspects les plus importants. Premièrement, conformément au principe de non-double emploi, l’OLAF doit mettre fin à son enquête si le Parquet européen en mène une sur les mêmes faits. Toutefois, l’OLAF peut soutenir le Parquet européen dans ses enquêtes au moyen d’une expertise et d’outils opérationnels, médico-légaux et analytiques. Il est important de noter que lorsqu’il fournit ce soutien, l’OLAF doit respecter les garanties procédurales pénales plus strictes contenues dans le règlement Parquet européen. En outre, à son initiative ou à la demande du Parquet européen, l’OLAF peut mener des enquêtes complémentaires parallèles pour traiter des aspects essentiels de la protection des intérêts financiers de l’UE, tels que le recouvrement rapide ou l’adoption de mesures conservatoires administratives.

De plus, le Parquet européen et l’OLAF peuvent échanger mutuellement des informations, ce qui enrichit les capacités des deux offices, leur permettant d’éviter les doubles enquêtes et de rationaliser leurs opérations. De plus, la WA met en place un système de signalement et de transmission des cas potentiels. Étant donné que les mandats de l’OLAF et du Parquet européen ne se chevauchent pas entièrement, cet échange est crucial pour garantir que les activités illicites détectées par le Parquet européen dans les États membres non participants n’échappent pas à l’enquête de l’OLAF. En outre, il garantit que le Parquet européen est informé de toute infraction pénale relevant de son mandat, même lorsqu’elle a été détectée pour la première fois par l’OLAF. En bref, l’échange d’informations et de cas garantit que les ressources de l’UE sont dépensées efficacement et que chaque cas est traité par l’autorité compétente.

Vers un mécanisme d’exécution conjoint ?

Un examen plus approfondi de la coopération envisagée entre l’OLAF et le Parquet européen permet de conclure que le législateur de l’UE visait à créer plus que deux agences européennes distinctes. Au contraire, il semble qu’il pourrait s’agir d’un premier pas vers un système répressif commun et global de l’UE (voir figure C). En effet, un cycle intégré de bout en bout commençant par les enquêtes de l’OLAF et se terminant par les inculpations du Parquet européen pourrait être l’avenir de l’application des PIF dans l’UE.

Des années de coopération seront nécessaires pour savoir si le travail d’équipe permettra de réaliser ce rêve ou s’il restera un rêve lointain. Jusqu’à présent, il semble que les deux offices soient partis du bon pied et le rapport annuel OEPP 2022 souligne avec enthousiasme les résultats obtenus. Néanmoins, pour construire une relation durable sur ces bases, il ne faut pas oublier que ce renforcement des pouvoirs des autorités de l’UE doit s’accompagner à la fois d’un accompagnement et d’une coopération avec les autorités nationales et de garanties appropriées pour les particuliers.

Application conjointe de l’OLAF et du Parquet européen

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