Relecture de l’article : Agressées sexuellement par leur oncle quand elles étaient enfants : le traumatisme bouleversant de deux jeunes femmes à la barre du tribunal

Nos rédacteurs ont découvert un éditorial sur internet dont le propos est «la justice».

Le titre suggestif (Agressées sexuellement par leur oncle quand elles étaient enfants : le traumatisme bouleversant de deux jeunes femmes à la barre du tribunal) en dit long.

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La date d’édition est 2024-01-26 22:01:00.

Le tribunal correctionnel de Montpellier jugeait, mercredi 24 janvier, une affaire d’agressions sexuelles sur mineures.  Deux jeunes femmes, victimes de leur oncle, déficient intellectuel, entre 1996 et 1999, étaient parties civiles. Elles ont témoigné des lourdes séquelles psychiques qu’elles continuent de subir dans leur vie quotidienne et intime.   

« Elles ont perdu la chance d’aimer et d’être aimées. Elles traînent un handicap d’affection, de confiance, de sociabilité ». En des termes poignants, le procureur Nemanja Despotovic décrit le traumatisme profond qui pèse, des années après, sur deux cousines victimes d’agression sexuelle de la part de leur oncle, à Montpellier, entre 1996 et 1999, alors qu’elles avaient entre 6 et 7 ans. Elles ont déposé plainte en 2019. Leur avocate, Me Iris Christol, insiste sur les « préjudices colossaux » que subissent encore aujourd’hui ses clientes. « Quelqu’un vous a possédé un jour et cela viendra vous habiter en permanence. La violence sexuelle, c’est une bombe à fragmentation », a-t-elle appuyé dans sa plaidoirie, lors de l’audience qui se tenait mercredi 24 janvier devant le tribunal correctionnel de Montpellier.

Quotient intellectuel évalué à 51

Ces faits de viols incestueux, des pénétrations digitales, ont été requalifiés en agression sexuelle avec l’accord des parties civiles. D’une part, pour bénéficier d’un délai de jugement plus court, d’autre part, en raison du handicap mental dont souffre le mis en cause (placé sous curatelle renforcée et hébergé en Esat), qui rendait difficile sa comparution en cour d’assises. Le procureur a néanmoins regretté « très fortement » que le prévenu ne se soit pas présenté à son procès. Cet oncle, « un homme aujourd’hui âgé de 52 ans, et au quotient intellectuel de 51 », a rappelé l’avocate de la défense, Me Marie-Laure Lapetina. L’expertise psychiatrique l’a cependant déclaré accessible à une sanction pénale adaptée. 

Dépression, impact sur la vie intime

À la barre, les deux jeunes femmes confient leurs séquelles. Pour l’aînée, des réminiscences par flashes, apparues à l’âge de 22 ans, une phase de dépression qui l’a contrainte à interrompre ses études de pharmacie, les troubles anxio-phobiques, les idées suicidaires, les scarifications qu’elle s’est infligée sur le ventre. « Si mes parents n’avaient pas été aussi présents, je ne serais pas là aujourd’hui ». Les conséquences sur sa vie intime, aussi : « Aucune relation n’a fonctionné. Je ne me sens pas capable d’avoir des enfants. J’avance mais je traîne un boulet au pied. Je suis malheureuse dans ma vie. »

« Vous avez été très courageuse de mener ce combat jusqu’à son terme, lui adresse la présidente, Sandrine Lalande. « Déposer cela ici, c’est très important. » « Déposer, un mot fondateur », relèvera Me Christol dans sa plaidoirie, prenant le mot au sens littéral : se soulager d’un fardeau. La plus jeune des cousines raconte sa faible estime de soi, ses difficultés à s’alimenter, les larmes « dès que quelque chose entre dans (son) corps ».

Concernant le prévenu, M. Despotovic interroge longuement son frère, qui le représente à l’audience, pour tenter de cerner son rapport aux faits. Il en ressort un état de déni. Le représentant du ministère public requiert six mois de prison avec sursis, interdiction de contact et de paraître au domicile des victimes, un suivi socio-judiciaire de trois ans, et l’inscription au Fijais (fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). 

« Camisole chimique »

Son avocate, Me Lapetina, revient sur l’homme qu’il était à l’époque des faits : « Il gère sa libido avec un QI de 51. Autant dire qu’il ne gère rien ». Et souligne le traitement par neuroleptique qu’il reçoit aujourd’hui, « une camisole chimique. » Elle voit dans le prévenu « un homme-enfant qui doit être jugé à la hauteur de sa personnalité ».  

Après délibération, le tribunal a condamné le prévenu à un an de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, en ajoutant à l’interdiction de contact avec les victimes, celle d’entrer en contact avec des mineurs. Enfin, il a prononcé une obligation de soin auprès du CRIAVS (centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles, lire encadré). Les membres adultes de la famille ont été invités à accompagner le prévenu dans cette démarche. Dans sa plaidoirie, Me Iris Christol a souligné l’importance de l’action judiciaire initiée par les victimes dans ce dossier : « J’espère que l’on aura inscrit, ailleurs que dans leur corps, le mal qu’on leur a fait ». Et ouvert la perspective d’une reconstruction, en souhaitant « qu’elles arrivent à prendre le chemin de toutes les femmes. »

CRIAS : améliorer la prise en charge des auteurs et victimes de violences sexuelles

Améliorer la prise en charge et la compréhension des violences sexuelles, en particulier pédophiles : c’est l’objectif des centres de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS). Le CHU de Montpellier a créé le sien en 2010, à l’hôpital Lapeyronie. Il prend en charge les personnes présentant des déviances ou perversions sexuelles, celles concernées directement ou indirectement par les violences sexuelles, ainsi que les patients soumis à une injonction ou une obligation de soins, comme c’est le cas dans cette affaire d’agression sexuelle sur mineur, que jugeait mercredi dernier le tribunal correctionnel.

     

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