Decouvrez cet éditorial : Film sur Gérard Depardieu: les versions contradictoires de Yann Moix et de son avocat

Cet article, dont le sujet est « la justice », vient d’être repéré sur le web, notre staff est heureux de vous en produire l’essentiel dans cette publication.

Son titre (Film sur Gérard Depardieu: les versions contradictoires de Yann Moix et de son avocat) en dit long.

Présenté sous la signature «d’anonymat
», l’écrivain est connu et fiable pour d’autres textes qu’il a publiés sur internet.

La crédibilité est donc marquante en ce qui concerne ce papier.

Le post a été divulgué à une date notée 2024-01-01 07:11:00.

Point de départ de l’affaire, donc : l’émission Complément d’enquête sur Gérard Depardieu, diffusée le 7 décembre sur France 2. A l’écran, des témoignages de femmes l’accusant de viols ou d’agressions sexuelles, mais aussi plusieurs séquences du voyage de l’acteur avec l’écrivain en Corée du Nord, en septembre 2018, à l’occasion des 70 ans du régime de Pyongyang, une des pires dictatures de la planète.

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Yann Moix, le « réalisateur »?

Ces images ont été tournées par une équipe de la boîte de production Hikari et n’avaient jusqu’ici jamais été diffusées. Elles sont aujourd’hui au centre d’un conflit de propriété entre le producteur Anthony Dufour et l’écrivain Yann Moix, qui les revendique comme ses « rushs » et dont son avocat considère qu’il en est le « réalisateur ». A l’époque, Moix avait monté un film de 2h30 avec les images issues de ce tournage d’Hikari, mais sans retenir les scènes les plus choquantes diffusées par France 2. Un film qui ne sera finalement jamais distribué.

Sur les images parues dans Complément d’enquête, on découvre un Gérard Depardieu libidineux, au comportement obscène avec chaque femme croisée. Première séquence : son interprète coréenne se présente. Réaction de l’acteur : « Hou là là, très belle, très jolie, suis en forme, j’ai beaucoup dormi, si tu savais les rêves que j’ai faits, je te connais par cœur. Des rêves sublimes… avec toi. » Moix, le regard fuyant, tente de changer de conversation. Dans le bus ensuite, toujours avec l’interprète : « Elle a la petite robe bien ouverte, on voit presque la petite culotte. » Plus tard dans la capitale, sur la tour de Juche, il fixe une femme à ses côtés, puis glisse à voix basse : « Une giclée… » Après quelques secondes, d’un air semble-t-il déçu : « Elle est mariée. » Autre séquence : après une photo en compagnie d’une femme, il s’exclame en direction d’un Yann Moix gêné : « Ah, sa chatte ! »

Arrive la fameuse scène du haras. Depardieu est appuyé sur la barrière du manège : « Les femmes adorent faire du cheval, elles ont le clito qui frotte sur le pommeau de la selle, elles jouissent énormément, c’est des grosses salopes, ça… » Passe alors un cheval surmonté d’une petite fille : « S’il galope, elle jouit, explique-t-il. C’est bien ma fifille, continue, tu vois, elle se gratte, là. » Plus tard, il croise une balance et se pèse : « 124, 124 chérie, clame-t-il en direction de l’interprète, dos au mur, et dont il commence à toucher l’épaule. Attends, et là je suis pas en érection, en érection, 126 ! » A l’extérieur du haras, toujours à son attention : « J’aimerais être un cheval […] pour faire corps avec la machine et vos moules. » Assis ensuite sur un banc à côté d’une femme, il s’adresse à une personne tenant un téléphone portable à la main : « Vas-y, prend la photo pendant que je touche le cul, sa petite moule qui doit être bien bien touffue, bien poilue, elle sent déjà la jument. »

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Argument contradictoire

Après plusieurs semaines de réactions autour de cette émission, l’avocat de Yann Moix, Jérémie Assous, est invité, le 21 septembre, dans TPMP sur C8. Il développe alors un argument jamais avancé jusqu’ici : les images utilisées par Complément d’enquête seraient issues d’un travail de fiction. « Ce que vous avez vu, c’est issu d’un long métrage, d’une commande, non pas pour faire un documentaire, mais pour faire une œuvre de fiction. Et Yann Moix, comme excellent réalisateur [….] dirigeait Gérard Depardieu en lui demandant de surjouer. […] Donc tout ce que vous voyez, c’est une œuvre de fiction. […] On demande à Gérard Depardieu d’être excentrique, on lui demande d’être obséquieux vis-à-vis de certains officiels ou d’être provocateur dans certaines situations », explique-t-il à l’antenne.

Le lendemain sur BFM TV, Jérémie Assous réitère et précise cette ligne de défense : « Il est important de rappeler que Yann Moix est le réalisateur de toutes ces images et [qu’il] a été envoyé en Corée en tant que réalisateur d’une œuvre de fiction. […] Il a comme acteur principal, et quasiment unique, Gérard Depardieu. Et la mission de Yann Moix, et le rôle de Gérard Depardieu, c’est de surjouer son propre rôle et de créer, suivant les différentes situations dans lesquelles Yann Moix met Gérard Depardieu, un certain nombre de scènes. Vous avez des scènes où il doit être obséquieux vis-à-vis des autorités, c’est une demande expresse de Yann Moix, puis il y a d’autres scènes où au contraire il lui demande d’être très provocateur vis-à-vis des autorités nord-coréennes, par exemple Depardieu dit : Je veux voir les camps, je veux voir les camps. Et il y a des scènes où il lui demande d’être vulgaire, et même d’être salace. » Autrement dit, Depardieu, selon cet avocat, jouait un rôle, dirigé par un Yann Moix qui lui donnait des consignes.

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Problème : cet argument apparaît en contradiction avec les déclarations de Yann Moix dès son retour de Corée du Nord. Le 21 septembre 2018 sur France Inter, il déclarait ainsi : « J’ai eu l’idée de filmer Gérard, c’est d’ailleurs de manière tacite que je l’ai fait, je ne lui ai pas demandé l’autorisation, puisque moi j’allais finir un documentaire là-bas. Il m’a dit ni oui ni non, j’ai filmé, il n’a rien dit. Finalement j’arrive à une heure et demi de film à peu près, que je vais appeler 70, pour commémorer ces deux anniversaires connexes [celui de Depardieu et celui de la création de la Corée du Nord, ndlr]. »

« Pantagruel à Pyongyang »

Sur BFM TV, la veille, il est encore plus explicite. S’il déclare qu’il s’agit « ni d’un documentaire ni d’un film de fiction », il affirme qu’il n’a « jamais évoqué [avec Depardieu] le moindre film ». Au début de l’échange, la journaliste Ruth Elkrief lui demande ainsi : « Vous êtes allés [en Corée du Nord] pour les 70 ans du régime nord-coréen et les 70 ans de Gérard Depardieu, et cela donne quel projet, quel scénario ? » Réponse de Moix : « Tout a été improvisé. J’avais rendez-vous un jour à la délégation nord-coréenne à Paris, et une heure plus tard j’avais rendez-vous avec Gérard Depardieu pour un projet de film de fiction. Nous n’avons jamais évoqué ensemble le moindre film. Je lui ai dit : Gérard, est-ce que ça te dirait de venir avec moi à Pyongyang ? Il a ouvert son carnet, il a dit : Quelle date ?” Et je n’ai jamais fait allusion au fait que nous allions faire un film, simplement j’ai tourné, je ne lui ai jamais demandé si je pouvais, il ne m’a jamais demandé d’arrêter de le faire. Il y a eu quelque chose de tacite entre nous, il savait qu’il était filmé, on n’a jamais fait allusion à ça, et nous avons obtenu quelque chose qui n’est ni un documentaire ni un film de fiction. C’est, d’une certaine manière, Pantagruel à Pyongyang. » Une présentation assez éloignée, donc, des arguments de l’avocat, qui affirme que Moix « demande » à Depardieu, parfois de manière « expresse », d’être tantôt « obséquieux », tantôt « provocateur », tantôt « salace » ou « vulgaire ».

Plus récemment, le 7 octobre 2022, dans l’émission En aparté sur Canal +, la journaliste lui dit : « En Corée du Nord, vous y êtes allé avec Gérard Depardieu. [….] Un documentaire, en tout cas il y a des images et de la matière qui peut voir le jour… » Réponse de Yann Moix : « Je vais être très franc avec vous : le film est fait, il est monté, il n’y a pas plus qu’à le mixer, il dure deux heures trente, je crois que c’est un film extraordinaire, peut-être même un chef-d’œuvre. Mais j’ai rien fait, moi, j’ai filmé Gérard en Corée. »

Enfin, dans les jours qui ont suivi la diffusion de Complément d’enquête, à aucun moment Moix ne parle d’une fiction, alors même que les questions qui lui sont posées lui en donne l’occasion. Dans le Journal du dimanche du 13 décembre, au journaliste qui lui demande si les « extraits sont représentatifs », il répond : « Absolument pas. Gérard Depardieu est capable, c’est évident, de commentaires, de remarques sexistes qui varient, selon son humeur, de la potacherie graveleuse à la saillie insoutenable, de la blague grasse à la provocation insupportable. Mais il serait faux et injuste – j’étais sur place et je le sais mieux que quiconque – de le réduire à cette image. » Aucune mention ici d’une direction d’acteur qui lui aurait permis de justifier que ces images ne sont pas « représentatives ».

« Mon film n’était pas là pour l’accabler »

Plus loin dans l’interview, il semble même déplorer les saillies obscènes de l’acteur, sans à aucun moment, encore une fois, évoquer une possible mise en scène : « Mon film [jamais diffusé et qui ne comprend quasiment aucune scène montrée dans Complément d’enquête] racontait une histoire, celle d’un grand acteur dans un pays inconnu et mystérieux. Je n’avais aucune raison d’utiliser des rushs montrant Gérard Depardieu dire des horreurs. Mon film n’était pas là pour l’accabler, car cet homme m’a fait confiance. […] Nous sommes en Corée du Nord, je suis concentré et stressé, Gérard fait ses blagues pas drôles du matin, et mon propos n’est pas de jouer les indignés face caméra dans mon propre film. »

Sollicité par CheckNews sur cet écart entre les déclarations passées de l’écrivain et la thèse d’une mise en scène de Depardieu, son avocat nous répond cette fois-ci que Yann Moix « a expliqué qu’il avait choisi de peu intervenir pendant le tournage, de faire le point matin et soir, et de filmer le plus longtemps possible afin d’avoir le maximum de matière (plus de dix-huit heures de rush sur sept jours de tournage), et d’œuvrer au montage ». Avant d’assurer que « de très nombreuses personnes ont visionné ce film et peuvent attester qu’il s’agit bien d’un film cinématographique dans le style Mammuth à Pyongyang ».

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