L’Initiative ITA Amériques organise un forum innovant sur l’arbitrage latino-américain à New York

Le 1er octobre, plus de 40 participants, dont des avocats chevronnés, des arbitres et des étudiants en droit, se sont réunis dans les bureaux de Debevoise & Plimpton à New York pour un événement révolutionnaire de l’ITA Americas Initiative intitulé « Dialogues sur l’arbitrage latino-américain : différends miniers, influence croissante de la Chine et problèmes récurrents ». Problèmes de dommages. Organisé avec le soutien de l’Asociación Latinoamericana de Arbitraje (ALARB), ce forum a marqué une rupture significative avec les formats de conférence traditionnels, en adoptant une approche interactive et axée sur les participants qui a favorisé des conversations ouvertes et informelles entre les participants.

I. L’Initiative ITA Amériques

La soirée a commencé par le discours d’ouverture Éric FrancoPrésident de l’ITA Americas Initiative, qui a souligné l’évolution de l’arbitrage dans les Amériques, d’une nouvelle méthode alternative de règlement des différends à une pratique bien établie liée à la primauté du droit à l’échelle mondiale. Il souligne l’importance de créer des espaces plus interactifs comme le forum, où les participants peuvent partager ouvertement des idées sans les contraintes des présentations traditionnelles dirigées par des conférenciers. « L’un des formats les plus intéressants des événements ITA est ce qu’on appelle le forum. « L’idée est de partager le rôle d’orateur, de s’entendre et de partager des idées », a souligné Eric. Julio Rivera Ríosassocié principal chez Debevoise & Plimpton et responsable de l’ITA Americas Initiative, a souligné la valeur de ces forums, notant avec humour que les conférences typiques mettent souvent en vedette les participants avec « une question, qui n’est pas une question, mais plutôt un commentaire qui dure 15 minutes ». La structure du forum est conçue pour accueillir de telles contributions et cultiver un environnement dynamique et collaboratif.

Ajout d’un contexte historique, Dietmar W. PragerAssocié chez Debevoise & Plimpton et premier président de l’ITA Americas Initiative, a raconté comment l’ITA a été créée au milieu des années 1980 pour former les professionnels du droit à l’arbitrage international alors que celui-ci était relativement inconnu. Reconnaissant l’importance croissante de l’Amérique latine, l’ITA a lancé l’Initiative Amériques en 2005 avec des ateliers pionniers à Mexico – où la tenue d’un événement d’arbitrage était encore inhabituel à l’époque – et s’est ensuite étendue à des villes comme Buenos Aires, promouvant le dialogue et renforçant la collaboration au sein de l’arbitrage. communauté à travers les Amériques.

II. Aperçu de l’arbitrage CCI en Amérique latine

Le forum comprenait une présentation de Paul Di PietroConseiller à la Cour internationale d’arbitrage de la CCI. Paul a fourni des informations précieuses sur le paysage de l’arbitrage CCI en Amérique latine, soulignant l’importance de la région pour la CCI. Il a noté qu’en 2023, 14 % de toutes les parties impliquées dans les affaires de la CPI venaient d’Amérique latine, le Brésil et le Mexique se classant parmi les dix premiers pays représentés. Cette implication substantielle souligne l’engagement croissant de la région dans l’arbitrage international.

Paul a discuté des tendances telles que les types de conflits qui surviennent couramment dans la région, soulignant qu’environ 30 % des cas concernent les secteurs de l’énergie et de la construction. Ces affaires concernent souvent des projets à grande échelle avec des montants en litige élevés, reflétant l’importance des activités économiques dans ces secteurs. Il a également mentionné la participation croissante de l’État et des entités publiques, qui représentent environ 25 % des affaires de la CPI en Amérique latine, le chiffre du Brésil pouvant atteindre 40 %.

Une tendance intéressante soulignée par Paul est la préférence des partis latino-américains pour avoir plus de contrôle sur la constitution de tribunaux arbitraires. Traditionnellement, la Cour de la CCI nomme les arbitres, mais les parties de la région souhaitent de plus en plus participer à la sélection des arbitres, notamment en utilisant des procédures de liste dans lesquelles les parties classent et radient les candidats proposées par la CCI. De plus, même si l’anglais reste la langue dominante dans les arbitrages de la CCI, l’espagnol et le portugais occupent les deuxième et troisième places, reflétant la diversité linguistique de la région.

Paul a également noté que même si les négociations de règlement menant à la suspension ou au retrait des affaires sont plus courantes dans les différends nord-américains, on constate une augmentation lente mais notable de ces résolutions en Amérique latine. Cependant, les méthodes alternatives de résolution des conflits, comme la médiation, ne sont toujours pas aussi répandues dans la région.

III. Conflits miniers en Amérique latine

Le forum est ensuite passé à des discussions modérées, la première session étant dirigée par Dietmar W. Prager et se concentrer sur les conflits miniers en Amérique latine. La discussion a porté sur les récents changements réglementaires, en particulier au Mexique, où les nouvelles réformes minières ont introduit des défis pour les sociétés minières. Ces réformes comprennent :

  • Périodes de concession raccourcies, réduisant la durée pendant laquelle les droits miniers sont accordés.
  • Surveillance gouvernementale accrue, accordant aux autorités plus de pouvoir pour retirer les licences pour diverses raisons.
  • Exigences accrues en matière de consultation des communautés, exigeant l’engagement des communautés locales et autochtones avant le début de l’exploration.

Les participants ont approfondi les complexités découlant de ces changements. L’un des sujets clés était le concept de « permis social », faisant référence à l’approbation et à l’acceptation continues des activités d’une entreprise par les communautés locales et les parties prenantes. Les participants soulignent que, selon les circonstances de chaque cas, l’obtention d’une licence sociale peut ne pas être une simple exigence ponctuelle mais un processus continu qui nécessite un engagement continu avec les communautés locales et autochtones.

La conversation a mis en lumière des cas spécifiques, comme celui Minéraux d’Aldén affaire contre le Mexique, où la concession d’une société minière a été contestée en raison de problèmes liés à une consultation préalable de la communauté. Les participants ont discuté des implications des conventions internationales comme la Convention 169 de l’OIT, qui exige une consultation préalable des communautés autochtones susceptibles d’être affectées par les projets.

La discussion a également abordé les défis liés à l’évolution des normes juridiques, où les projets lancés dans le cadre d’un cadre réglementaire peuvent ensuite être soumis à de nouvelles lois ou interprétations, ce qui pourrait avoir un impact sur la validité des concessions et des licences. Cette insécurité juridique présente des risques importants pour les investisseurs et souligne la nécessité d’une évaluation juridique continue tout au long de la durée de vie d’un projet.

IV. L’influence croissante de la Chine dans la région

La deuxième séance, animée par Caline MouawadAssocié chez Chaffetz Lindsey, a examiné l’influence croissante de la Chine en Amérique latine. La discussion a mis en évidence l’augmentation substantielle des investissements chinois dans des secteurs tels que les mines, l’énergie, les infrastructures et les télécommunications. Les participants ont noté que le commerce entre la Chine et l’Amérique latine a connu une croissance exponentielle, passant de 12 milliards de dollars en 2000 à plus de 315 milliards de dollars ces dernières années, les projections suggérant qu’il pourrait dépasser 700 milliards de dollars d’ici 2035.

Les participants ont exploré l’impact de cet afflux d’investissements chinois sur l’économie régionale et le paysage du règlement des différends. Un point clé était les préférences des entreprises chinoises dans les procédures d’arbitrage. Il a été observé que les partis chinois :

  • Ne donnez pas la priorité au choix de la loi applicable ou du siège de l’arbitrage, acceptant parfois les lois et les sièges locaux.
  • Lorsqu’ils ont une préférence, des sièges comme Singapour ou Hong Kong sont perçus comme neutres et offrant des systèmes juridiques familiers aux entités chinoises.
  • Présenter des différences culturelles dans les approches en matière de litiges, en tendant à éviter les litiges et en préférant la négociation et le règlement.

Les participants ont partagé leurs expériences indiquant que même si les entreprises chinoises peuvent être réticentes à engager un arbitrage, elles s’engageront dans des procédures judiciaires lorsque des intérêts financiers importants sont en jeu.

La conversation a également abordé les défis liés à l’application des décisions arbitrales en Chine continentale. Bien que les sentences arbitrales internationales soient généralement exécutoires en Chine continentale en vertu de la Convention de New York, des problèmes peuvent survenir avec les mesures provisoires. Les participants ont noté que les procédures d’arbitrage à Hong Kong, administrées par des institutions qualifiées comme le HKIAC, offrent un avantage unique : les parties peuvent demander des mesures provisoires aux tribunaux de Chine continentale, y compris la préservation des actifs, des preuves et de la conduite, avant le prononcé de la sentence arbitrale. . Cette capacité donne aux arbitrages à Hong Kong un avantage sur les autres en termes de force exécutoire et de soutien juridique de la part des autorités continentales. L’importance de comprendre ces nuances a été soulignée, en particulier pour les parties rédigeant des conventions d’arbitrage impliquant des homologues chinois.

V. Points clés à retenir et considérations futures

Tout au long de l’événement, plusieurs points clés ont émergé :

  1. Tendances procédurales

L’arbitrage paysager en Amérique latine évolue, avec des tendances vers :

  • Un plus grand contrôle des partis sur la constitution du tribunal.
  • Utilisation accrue des lois et des sièges locaux, même dans les contrats internationaux.
  • Importance des considérations linguistiques, les procédures se déroulant souvent en espagnol ou en portugais.
  1. Diligence raisonnable et engagement communautaire dans les projets miniers

Les sociétés minières doivent adopter une approche holistique en matière de diligence raisonnable, de conformité et d’engagement communautaire face à l’évolution des normes juridiques affectant l’industrie minière. Points clés inclus :

  • Évaluez les lois locales et internationales spécifiques à l’exploitation minière, y compris les conventions non contraignantes comme la Convention 169 de l’OIT et les instruments juridiques non contraignants tels que les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et adaptez-vous aux nouvelles exigences pour garantir une conformité continue tout au long du cycle de vie du projet minier.
  • Établissez des relations et de la bonne volonté avec les parties prenantes locales en vous engageant de manière proactive, même lorsque cela n’est pas légalement requis, pour répondre aux préoccupations et instaurer la confiance, évitant ainsi les retards des projets miniers et les contestations juridiques.
  • Surveiller les développements politiques et juridiques susceptibles d’avoir un impact sur les investissements miniers et élaborer des stratégies pour atténuer les risques, comme la recherche de protections juridiques par le biais de traités d’investissement, afin de faire face aux incertitudes liées à l’évolution des paysages réglementaires miniers.
  1. Impact de l’investissement chinois

L’influence croissante de la Chine en Amérique latine présente à la fois des opportunités et des défis. Comprendre les préférences et les approches culturelles des entreprises chinoises est important pour gérer les relations et résoudre les différends. Points clés inclus :

  • Le rôle important des entreprises publiques dans les investissements chinois.
  • Différences dans les styles de négociation, les préférences contractuelles et l’appétit général pour les litiges.
  • L’importance de comprendre les défis potentiels associés à l’application de mesures provisoires en Chine continentale.

VI. Conclusion et réception de réseautage

La soirée s’est terminée par un cocktail, où les participants ont poursuivi leurs discussions avec en toile de fond la skyline de New York, avec notamment une vue imprenable sur l’Empire State Building. Organisé par Julio Rivera Ríos et Sébastien Briceñoassocié chez Debevoise & Plimpton et dirigeant de l’ALARB, l’événement a été salué comme un succès en raison de son format innovant et de sa participation enthousiaste.

Les participants ont apprécié l’opportunité de dialoguer directement avec leurs pairs, de partager leurs expériences et d’explorer en profondeur des questions complexes. Le forum a démontré l’intérêt de créer des espaces interactifs de dialogue dans la communauté de l’arbitrage, permettant aux praticiens de collaborer pour relever les défis et les opportunités de l’arbitrage latino-américain.